Bientôt la frontière chilienne ! Le bus roule à vive allure à travers un paysage ondulé et uniforme de steppe pelée... mélange de pampa (encore plus plate) et de Patagonie (en principe un peu plus vallonnée)... Rien à perte de vue, si ce n'est quelques nandus (comme une autruche en un peu plus petit)... Au loin les montagnes. C'est là que nous allons ! Dans un autre fief du trecking international : le parc Torres del Paine ! Beaucoup plus diversifié ( nombreuses balades de plusieurs jours entre les fjords et les glaciers) et étendu qu'El Chalten et son Fitz Roy, certes majestueux mais dont le massif à lui seul offre un potentiel plus restreint.
Malgré ça il est clair que les argentins veulent développer le tourisme dans le coin, et apparemment ils y mettent les moyens. Au vu du développement d'El Calafate autour du seul Perito Moreno... ça va marcher c'est sûr... mais au détriment de la magie de pouvoir découvrir et contempler ces merveilles en s'imaginant seul au monde !
El Calafate est devenu une véritable industrie... ou un élevage, au choix ! Les troupeaux de touristes sont parqués, canalisés, formatés... impossible de s'en dégager, impossible de s'isoler au détour d'un sentier pour s'extirper quelques instants du flot humain ou des structures environnantes. El Chalten est aujourd'hui encore un petit village montagnard... mais jusqu'à quand ? L'accessibilité au « pied » du Fitz Roy n'est pas difficile et, pour peu qu'ils l'aménagent, elle deviendra aisée... on verra alors débarquer des cars entiers de ces mêmes touristes qu'au Perito Moreno, « pris en charge » à chaque instant de leur périple... D'ailleurs ça commence déjà à arriver. Hier on a croisé un groupe d'une trentaine de japonais qui n'avaient jusque là visiblement jamais posé un pied sur un sentier montagnard... un guide local à l'avant, un autre à l'arrière pour aider les attardés à mettre un pied devant l'autre sans déraper ! Et je n'exagère pas...
Par contre, et ça c'est positif, on a aussi croisé beaucoup de jeunes et de très jeunes argentins qui se découvrent un goût pour la nature et la liberté, et qui partent camper, de gros sacs sur le dos, dans ces paysages de rêve. J'espère qu'ils ne se laisseront pas récupérer et détourner leur montagne !
Que retenir de l'Argentine visitée. Beaucoup de richesse, semble-t-il encore plus mal répartie que chez nous... Il est vrai que nous ne nous sommes rendus que dans des endroits hyper touristiques. Buenos Aires est pimpante, séduisante, très agréable à découvrir. Il y règne une atmosphère bon enfant, les gens sont souriants, avenants, volontiers blagueurs (comme l'argentin en général). On ressent ici énormément l'influence de l'immigration italienne dans les attitudes un peu exubérantes où l'apparence compte avant tout. Ils se montrent et aiment ça ! Buenos Aires est festive aussi... les deux fois où nous nous sommes retrouvés en plein centre ville après minuit, il y avait bien 10 fois de circulation qu'au milieu de l'aprem. On a vécu des embouteillages en pleine nuit. Ils font des siestes tardives (entre 18 et 21h) et ressortent ensuite jusqu'à tard dans la nuit. Les restos sont plein et les assiettes aussi. Ils consomment. Les boutiques en tout genre, à la mode ou chic, pullulent. Ils dépensent. Bien sûr nous n'avons pas vu l'envers du décors... je suppose que les petites gens « aiment » beaucoup les papas (les patatas argentines) et ça se voit (ils sont plus gros) ! Il existe beaucoup de petits boulots consistant à rendre de « petits » services... donc moins de chômage.
La Patagonie montre davantage une filiation ibérique. Les gens sont plus rustiques, souvent patinés et embellis de sang indien. L'Argentine est traditionnellement, comme la France, une terre d'accueil... beaucoup de boliviens et péruviens tentent leur chance au sud, alors qu'au-dessus, ils choisissent le nord... et le $US !
Ushuaia est vraiment à part... c'était l'endroit où j'avais vraiment le moins envie d'aller (Mayoune connaissait)... où alors juste une journée, pour dire que... et c'est celui que j'ai préféré, celui où notre soif de nature et de découverte en semi-liberté a été la plus comblée ! La magie du bout du monde... l'impression d'exister devant ce bout d'immensité, l'impression que l'infini existe juste devant nous, autrement qu'en contemplant les étoiles...
On ne peut guère ressentir cette osmose à El Calafate ! Son exploitation est si intensive qu'elle devient un affront tout autant à la beauté et à l'unicité des lieux qui l'entourent qu'aux wagons de touristes qui viennent les visiter.
L'Argentine me laisse une impression mitigée... Buenos Aires est agréable et vivant et Ushuaia magique, c'est ce qui m'a marqué le plus... Le reste est beau mais trop récupéré... Le plus étrange est que, depuis 2 semaines, je n'ai pas du tout l'impression de me trouver en Amérique du Sud mais plutôt dans un pays méditerranéen, quelque part entre une ancienne Italie et une vieille Espagne... donc toutes les 2 d'ailleurs un peu démodées...
Ah oui sinon, revenons à du concret, du tangible... l'essence est 2 à 3 fois moins chère que chez nous ! Du coup, même lorsqu'ils s'arrêtent 1/4 d'h ou davantage, ils laissent tous leur moteur tourner... ça fait plus macho !
Vamos al Chile !